Affiche à l’occasion du jour anniversaire de la
libération, 1955.
Dans les premières années de
l’après-guerre, le gouvernement et les partis politiques
de la Ville libre et hanséatique de Hambourg se joignirent aux
associations d’anciens détenus pour que soient
organisées des cérémonies commémoratives au
cimetière de Ohlsdorf, où de nombreuses victimes du
régime nazi étaient enterrées. La première
manifestation commémorative rassembla les participants autour
de l’urne du détenu inconnu de Buchenwald,
insérée plus tard au mémorial central « pour
les victimes des persécutions nazies et de la Résistance
». L’inauguration de ce mémorial, qui eut lieu en
1949, était placée sous le signe de la Guerre Froide : le
Sénat refusa de participer à la cérémonie avec
l’Association des persécutés du régime nazi
(VVN) où dominaient les communistes et avança la date de
cette inauguration, qui eut lieu le 3 mai. L’association VVN,
de son côté, inaugura le monument commémoratif le 8
mai, jour anniversaire de la libération.
Pèlerinages à Neuengamme
À l’étranger, les voyages sur les sites des
camps de concentration furent souvent considérés comme de
véritables pèlerinages. Lors de ces visites, des groupes
de détenus de certaines nations entonnaient des chants
nationaux et religieux et des prières étaient
récitées. Pour les survivants et les familles des
disparus, le camp des détenus avec la Place d’Appel,
où furent endurées d’inimaginables tortures, de
même que le crématoire, avaient une signification
particulière. Sur l’emplacement du crématoire, de
la terre est toujours prélevée pour être
emmenée au pays natal. Pendant des années, ces deux lieux
restèrent inaccessibles. Les visiteurs venus de
l’étranger devaient contourner le site pour essayer
d’apercevoir l’ancien camp des détenus.
C’est seulement en 1970 que l’emplacement de
l’ancien crématoire est devenu accessible aux visiteurs
et a été marqué au sol. En 2003, le camp des
détenus a été intégré dans le site
commémoratif.
Le premier mémorial
Le 18 octobre 1953, une simple colonne en cal-
caire conchylien, de sept mètres de haut, fut
inaugurée (conçue par Paul Seitz, architecte
officiel de la ville). Ce site commémoratif était
tout d’abord réservé aux ressortissants
français.
Le ministère des Finances proposa de dédier la
colonne à la mémoire de tous les détenus morts
à Neuengamme et de le mentionner dans l’inscrip-
tion. Le sénateur à la Justice, M. Kröger, choisit
d’inscrire: «Aux victimes 1938–1945
».
Pour beaucoup de survivants et de familles de
disparus, le fait qu’il n’existât sur
l’ancien site du camp aucun lieu de recueillement et de
commémoration était intolérable. Les
représentants des autorités françaises
exigèrent que l’on remédie à cette situation.
L’accès à l’emplacement de l’ancien
crématoire et l’érection d’un monument
commémoratif faisaient de plus en plus l’objet de
discussions. Côté allemand, on s’obstinait à
empêcher l’accès au crématoire en
prétextant qu’il n’était plus possible de
retrouver son emplacement. On tomba d’accord pour ériger
un monument commémoratif sur le site des anciens jardins du
camp. Il fut inauguré le 18 octobre 1953. La communauté
internationale des camps ayant insisté pour avoir un monument
plus imposant, la ville de Hambourg y ajouta en 1960 un cube
portant une inscription.
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